Cette plongeuse repère la silhouette d'un avion dans le Pacifique et fait une découverte à couper le souffle

Brandi Mueller a l'impression d'être dans un autre monde. Elle est à 45m sous la surface du Pacifique, et nager dans ces eaux cristallines est comme être au paradis. Soudain, une forme sombre attire son attention en dessous d’elle. Alors, elle nage plus profondément – et le voit enfin. Là, au fond du lagon, se trouve un avion. Mais elle ne sait alors pas à quel point sa découverte est incroyable. 

Le site de la découverte de Mueller est d’ailleurs assez éloigné. En effet, l'avion se trouve au sein de l'atoll de Kwajalein, qui abrite l'un des plus grands lagons du monde. Et les terres les plus proches de l'atoll, Honolulu, se trouvent à environ 3400 km. Cela signifiait que trouver cet avion était pratiquement comme trouver une aiguille dans une botte de foin.

Ce n'est pas non plus comme si c'était quelque chose d’habituel pour Mueller. Plus tard, elle a admis que la plongée est « assez tranquille la plupart du temps ». Mais il y a un avantage. « Vous avez beaucoup de temps pour comprendre ce qui vous entoure et pour observer », ajoutait-elle. C'est pratique, car Mueller est également une photographe passionnée. Elle veut « [partager] la beauté de notre planète, en particulier le monde sous-marin. »

« L'océan est incroyable. Plus vous passez de temps sous l'eau, plus vous voyez de choses », continuait Mueller. Et elle a certainement passé quelques heures dans l'océan ! Plongeuse expérimentée, Mueller a été capitaine de bateau et instructrice de plongée dans des endroits idylliques comme Hawaï ou les Îles Turques-et-Caïques. Cependant, même alors, elle n'avait jamais rien découvert d'aussi incroyable que cet avion.

Mueller a déclaré à Adventure Sports Podcast : « Je ne me souviens pas vraiment de ce que ça fait de ne pas plonger. » Avance rapide jusqu'à aujourd'hui : elle a maintenant exploré les eaux de plus de 30 pays. Assez impressionnant ! Mais sa découverte est presque certainement la chose sous-marine la plus irréelle qu'elle ait jamais vue.

Cette épave inhabituelle est posée sur du sable, au fond du lagon. Même si elle est partiellement immergée, son contour est distinctement reconnaissable. Et Mueller est ravie de profiter de cette vue étrange. Elle nage vers l’appareil sinistré, dont l'hélice s'est calée dans le fond du lagon.

Mueller est époustouflée par sa découverte irréelle. « Plonger vers des épaves est quelque chose de normal. On s’attend naturellement à ce que des navires aient coulé », a-t-elle déclaré plus tard au Daily Mail. Mais plonger et trouver des avions était une expérience totalement nouvelle et unique pour elle. « Les avions n'ont pas leur place dans l'eau. Ils appartiennent au ciel », ajoutait-elle. Elle n’a pas tort !

Alors, comment l'avion en question s'est-il retrouvé au fond du lagon ? Aurait-il pu s'écraser ? Mueller remarque qu'il semble être en bon état. En fait, il est dans un état presque parfait. Son revêtement en aluminium n'a pratiquement pas rouillé.

Eh bien, si vous pensiez que découvrir un avion sous-marin était assez extraordinaire, le lagon en abrite en réalité plus de 150 de ces appareils ! Un véritable « cimetière d'avions » s’y déploie sur plus de 500 hectares. « C'est incroyable d'être dans ce monde si différent », déclarait Mueller à Adventure Sports Podcast, ajoutant : « Je trouve ça si fascinant ! »

Mueller ajoutait que la scène ressemblait à un décor dans lequel « quelqu'un aurait pris des avions jouets et les aurait jetés dans le sable ». Mais ces avions sont beaucoup plus gros que des jouets, certains mesurant jusqu'à 18 m de long et ayant une envergure de 22 m. Difficile d’imaginer s’amuser avec de tels jouets !

Compte tenu de leur éloignement, il est rare que l’on plonge vers ces avions. Mueller n'était pas sûre que quelqu’un ait jamais repéré les 150 avions. Mais les plongeurs doivent être rapides. Si vous descendez vers les épaves avec un équipement de plongée, vous n'avez que 20 minutes sous l'eau avant que votre réservoir d'air ne s'épuise.

« J'ai toujours ce sentiment d’avoir besoin de plus de temps, de vouloir nager plus vite, de vouloir en voir davantage ! », admettait Mueller au micro d’Adventure Sports Podcast. L’un des endroits où elle est souvent retournée avec son équipement de plongée est appelé « les 13 avions ». Pourquoi ? Eh bien - vous l'avez deviné – on peut y voir 13 avions en une seule plongée.

Néanmoins, Mueller est heureuse que les avions soient dans le lagon, car elle est capable de plonger à une profondeur de plus de 40m. S'ils étaient de l'autre côté de l'île, ce ne serait pas si facile. L'océan devient très profond très rapidement, ce qui signifie qu’elle aurait besoin d'un sous-marin pour y voir des avions. Mais même s’il peut sembler étrange de trouver de tels appareils en un endroit pareil, leur nouvelle maison semblait leur donner une nouvelle vie.

Mueller a décrit l'océan comme étant « le monde de quelqu'un d'autre ou de quelque chose d'autre », et la faune océanique a certainement su accueillir les avions. En gros, comme l'explique la plongeuse, les embarcations sont devenues une sorte de récif artificiel. Le corail fleurit sur leurs carcasses, et poissons, tortues et même requins viennent leur rendre visite.

Mueller a décrit avoir vu de minuscules Chandidae qui « forment des bancs si denses qu'ils bloquent la vue de tout ce qui se trouve derrière eux. Ils remplissent tous les cockpits de ces avions, et vous ne pouvez même pas voir à l'intérieur. » Les rascasses utilisent également les avions comme maison.

« Elles adorent les endroits où les hélices reposent dans le sable. Trois ou quatre d’entre elles peuvent toujours être aperçues, reposant parfois directement sur les pales », déclarait Mueller à ce propos. Mais que se passe-t-il quand elles ont un peu faim ? Eh bien, elles « remontent tout simplement un peu pour participer au buffet des Chandidae du cockpit ». Tout ce petit monde semble avoir la belle vie !

Et nous n'avons même pas besoin d'aller sous l'eau pour voir ces avions étranges dans leur nouvel habitat. En effet, Mueller ne s’est pas seulement contentée d’explorer le cimetière des avions pour elle-même. Elle a combiné son amour de la plongée avec sa passion pour la photographie et a publié des images de ces superbes reliques.

Ces clichés rares permettent à tout un chacun de visiter le cimetière d'avions. Mueller déclarait : « Ils sont dans un endroit si éloigné, et c'est si difficile d'y arriver que je veux montrer tout ça aux gens. » Ces images extraordinaires montrent les avions au fond du lagon. Et sur certains plans, un filtre noir et blanc leur donne un air encore plus envoûtant.

Mueller a déclaré plus tard que les avions « auraient dû voler plus, vivre plus longtemps ». Elle disait même de certains avions qu’ils paraissaient « pouvoir décoller à tout moment ! » Alors comment se sont-ils retrouvés au fond du Pacifique ? Et comment sont-ils restés dans un état relativement intact ?

Eh bien, le lagon est aussi une sorte de musée sous-marin de la Seconde Guerre mondiale. Et les avions de ce cimetière ne se sont pas écrasés – ils ont été largués. Mueller explique ainsi : « Ils n'ont pas été abattus, ils ne se sont pas écrasés là. Ils ont été chargés sur une barge et jetés à l'eau. » C'est exact. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, environ 150 avions américains ont été largués dans le lagon ! 

En août 1945, les États-Unis n'avaient plus qu'un objectif : récupérer leurs troupes en toute sécurité. Et bien que les avions aient joué un rôle important dans la victoire durant cette guerre, ils n'étaient tout simplement pas aussi importants que le fait de réunir aux plus vite les soldats avec leurs familles. Ils étaient également lourds et obsolètes et n'étaient plus nécessaires.

Le cimetière d'avions compte sept types d'avions différents pilotés par les Alliés, et Mueller en a photographié de toutes sortes ! Il y a des Douglas SBD Dauntlesses, des PBJ-1 Mitchells, des Grumman TBF Avengers, des Grumman F4F Wildcats et des Curtiss C-46 Commando ainsi qu'un Vought F4U Corsair et un Curtiss SB2C Helldiver. C'est toute une collection !

Et Mueller a trouvé fascinant de se plonger dans l'histoire impressionnante qui se cachait derrière les avions. Elle explique : « J'aime que nous puissions plonger dans quelque chose qui a 75 ans d’histoire. » Et n’oublions pas que les avions de ce cimetière ont joué un rôle essentiel dans le conflit mondial.

Tous les avions au fond du lagon avaient volé pendant la guerre du Pacifique entre les Alliés et l'Empire japonais. L'attaque japonaise sur Pearl Harbor avait détruit la flotte américaine du Pacifique, et à la suite de cette célèbre attaque, l'armée japonaise avait commencé à prendre le contrôle des îles du Pacifique Sud. Mais au fil du temps, une par une, ces îles ont commencé à revenir sous contrôle américain alors que la marine américaine effectuait un retour.

Au total, ce sont près de 50 000 soldats américains qui ont participé à la bataille pour prendre les îles Marshall au Japon. Cette victoire a donné aux forces américaines une base de relais à partir de laquelle elles pouvaient frapper le continent japonais lui-même. Et en août 1945, des bombes nucléaires ont été larguées sur Hiroshima et Nagasaki, annonçant rapidement la fin de la guerre.

Mueller raconte ainsi : « C'est tellement étrange de voir des avions sous l'eau et de penser qu'ils volaient il y a 75 ans ! » Elle continuait en expliquant qu'elle trouvait plus étrange encore que les avions ne se soient pas écrasés dans le lagon. Selon elle, ils semblaient pouvoir retourner dans le ciel à tout moment – prêts à reprendre du service. 

Le Douglas SBD Dauntless est l'avion que vous trouverez le plus souvent dans cette partie du Pacifique. Mueller explique : « Vous pouvez vous rendre à peu près n'importe où dans ce que nous appelons le cimetière, et vous verrez des avions SBD éparpillés un peu partout dans le sable. » Ce modèle a été fabriqué de 1940 à 1944 et a reçu le surnom de « Lent mais Mortel ». Le SBD avait une vitesse maximale de 410 km/h, ce qui le rendait vulnérable au rapide Mitsubishi A6M Zero japonais, qui pouvait quant à lui atteindre 560 km/h.

Malgré cela, le SBD était populaire. L'avion était extrêmement agile, ce qui le rendait plus difficile à abattre. Et la bataille de Midway en 1942 a été l'un des plus grands moments pour le SBD, puisque les pilotes de ces avions ont porté des coups mortels à un certain nombre de porte-avions japonais. Mais ce n'était certainement pas le seul type d'embarcation dans le lagon.

Il y avait également 11 PBJ-1 Mitchells dans le cimetière d'avions. La Marine et l'Armée disposaient d'environ 800 PBJ de rechange, qui ont été réclamés par les Marines et adaptés pour répondre à leurs besoins. Le « 1 » représente les modifications apportées par les Marines à l'avion standard.

Mueller déclarait à propos des PBJ-1 : « Ils sont tellement cool. Ils sont gigantesques. » Et elle a raison ! Ces avions mesurent chacun plus de 17 m de long et ont une envergure de près de 23 m, ce qui peut faire en sorte qu’un plongeur se sente tout petit à côté. Et selon les personnes qui les ont pilotés, ils étaient particulièrement adaptés pour les atterrissages dans la jungle et sur les petites îles. Un modèle de PBJ avait atterri à l'envers au fond du lagon, exposant les portes d’où étaient larguées les, et Mueller expliquait que cela le rendait idéal pour l'exploration.

Il y a aussi deux Grumman TBF Avengers dans le cimetière d'avions, et ils sont dans des positions opposées - l'un est à l’endroit, l'autre à l'envers. Mesurant un peu plus de 16 m de long et ayant une envergure de 18 m, cet avion était l'un des avions monomoteurs les plus lourds de la Seconde Guerre mondiale. Son poids brut avoisine les huit tonnes !

Les Grumman TBF Avengers sont également les avions préférés de Mueller pour plonger, selon des séquences vidéo qu'elle a mises en ligne sur YouTube. Mis en service en 1942, ils ont été les premiers engins à disposer de la technologie d'aile arrière. Cela signifiait que les ailes pouvaient se replier sur le fuselage.

Un autre habitant du cimetière ayant un record impressionnant est le Vought F4U Corsair. Il est immédiatement reconnaissable à son aile pliée en son milieu comme celle d'une mouette. C'est une caractéristique importante, aidant l'avion à atteindre des vitesses supérieures à 640 km/h. Cela en a fait l'avion le plus rapide des États-Unis lors de sa mise en service. 

Le Corsair eut un tel succès qu'il continua à voler après la fin de la guerre. En fait, les États-Unis l'ont utilisé jusqu'en 1953 ! Et selon Mueller, la version qui se trouve dans le lagon était également très populaire parmi la population de rascasses. Elle se souvenait : « Il y avait toujours quelques rascasses près de l'hélice de l'avion. »

Le Grumman F4F Wildcat est un autre avion important, et c'était sans doute le seul chasseur américain vraiment réussi jusqu'à l'introduction du Corsair en 1942. Cela a aidé le Wildcat à atteindre une vitesse impressionnante de 510 km/h, le rendant presque aussi rapide qu'un Zero japonais. Et les pilotes ont déclaré que ce petit et puissant engin – mesurant seulement 10 m et ayant une envergure de 13 m – était incroyablement maniable. Mieux encore, il pouvait prendre beaucoup de tirs antiaériens tout en restant en état de navigabilité.

Mais il n'y a qu'un seul Curtiss SB2C Helldiver dans notre cimetière marin. Pas de surprise ici, car ce type d'avion n'était pas aussi populaire parmi les pilotes que le Douglas SBD qu'il a été conçu pour remplacer. Bien qu'il soit plus rapide que le SBD, il n'était apparemment pas aussi facile à piloter, car son long nez gênait au décollage et à l'atterrissage ! Le Helldiver a tout de même connu un certain succès dans les Mariannes et aux Philippines ainsi que dans le ciel de Taïwan, d'Iwo Jima et d'Okinawa.

Et en parlant d'avions fabriqués par Curtiss, seulement environ 3 000 des C-46 Commando ont été créés. L'avion a évolué à partir des DC-3, un modèle non militaire, et il a donc naturellement joué un rôle majeur dans le transport de beaucoup de biens et de passagers. L'avion était particulièrement employé pour emprunter des routes au-dessus de vastes étendues de montagnes et d'océan. 

Le Commando était particulièrement doué pour survoler l'Himalaya - ou « La bosse » comme cette chaine de montagnes étaient surnommée par les pilotes. Il pouvait survivre à des atterrissages difficiles et à des conditions météorologiques extrêmes, ce qui le rendait idéal dans le théâtre du Pacifique. Mais, aujourd'hui, les passagers à bord de l'avion qui se trouve dans le lagon sont un peu différents ; ce sont des éponges et des poissons qui profitent de l'intérieur de l’aéronef. Et grâce à Mueller, vous pouvez voir tous ces avions par vous-même.

En effet, Mueller a compilé ses photographies dans un livre intitulé The Airplane Graveyard: The Forgotten WWII Warbirds of Kwajalein Atoll. Et ses clichés époustouflants sont accompagnés de récits des exploits des avions compilés par l'historien militaire Alan Axelrod. Son récit fascinant nous donne plus de détails sur les rôles que ces machines impressionnantes ont joué pendant la Seconde Guerre mondiale.

La découverte sous-marine de Mueller est assez étonnante, et elle a clairement envie de retourner dans les eaux de l'atoll. Elle a admis à Adventure Sports Podcast : « Je commence à devenir grincheuse si je n'ai pas été sous l'eau depuis un certain temps. » Nous sommes sûrs que nous entendrons bientôt parler de beaucoup d'autres de ses découvertes sous-marines ! Peut-être même qu'elles seront aussi incroyables que le cimetière d'avions.